MAL MOURIR : QUELLES SOLUTIONS ?
À première vue le thème pour la conférence de carême du 11 mars 2020 n'est pas accrocheur, Mourir est déjà en soi un sujet difficile à aborder, alors mal mourir c'est encore pire !
Qu'entendons-nous par mal mourir ; mourir seul, mourir trop jeune ou encore dans de grandes souffrances... ?
Les personnes venues apporter leur témoignage, confirment qu'elles sont à l'écoute des personnes souffrantes que ce soit en tant qu'aumônier en milieu hospitalier ou au service évangélique des malades qui rend visite à domicile. Ce n'est pas une mission facile il faut être en retrait sans prise de position avec une écoute attentive. Elles nous ont confié que pour les malades c'est aussi libérateur de pouvoir s'adresser à quelqu'un d'extérieur à la famille car il y a moins de charge émotionnelle. Ce service aux autres est en place pour ne laisser personne seul face à des interrogations et un besoin de se confier.
Il existe aussi une écoute pour les accompagnants qui vivent avec un malade. Le témoignage d'une psychologue de la maison d'Aloïs nous a montré également la nécessité d'apporter une écoute, une aide psychologique, une bulle d'air... aux aidants. Ils se dévouent à 200% pour leur conjoint, un enfant, un parent malade et cette situation est lourde à porter.
Bruno Cazin, prêtre médecin, a apporté son témoignage en tant que médecin avec les principes éthiques et le cadre juridique. "Laisser partir ou ne pas s'obstiner à traiter, une autre façon de parler d'obstination déraisonnable ou d'acharnement thérapeutique". Le professionnel de santé est aussi confronté à des questionnements "il y a toujours une cause que l'on peut traiter... Mais faut-il traiter ? si oui à quelle condition ? Peut-on s'abstenir ? Proportionnalité bénéfices/risques avec la culpabilité et la peur d'être accusé d'abandon, de non-assistance à personne en danger".
Il y a bien évidemment un cadre juridique avec la loi sur la fin de vie "Claeys-Leonetti 2016" qui parle des directives anticipées afin de prendre en compte les volontés du malade. Aujourd'hui disait Bruno Cazin "tout tend à la valorisation de l'autonomie et la maitrise de soi".
Or "Nous sommes tous dépendants, on ne peut rien faire seul... il faut être en vérité et accepter d'avoir moins de pouvoir", se laisser accompagner en confiance par le corps médical et les personnes qui nous rendent visite afin de trouver l'apaisement face à l'approche de la fin de vie.
Lorsque nous vous avons assisté à cette rencontre nous ignorions que la pandémie qui sévit actuellement nous renverrait au questionnement du mal mourir. Les accompagnants ne peuvent plus se rendre dans les hôpitaux, les malades sont brutalement mis à l'écart de leur famille pour la protéger d'une contagion. Les soignants ne sont plus que leur seul contact alors ayons une pensée et prions pour tous ceux qui sont en première ligne, malades et soignants qui font de leur mieux pour faire face à cette situation inédite.
Contacts :
- Service Évangélique des Malades ou SEM, prendre contact avec votre paroisse ou avec la pastorale santé du diocèse de Lille au 03 20 74 91 69 ou sem@lille.catholique.fr
- Aumônerie hospitalière du diocèse de Lille au 03 20 74 91 69 ou aumonerieshospitalieres@lille.catholique.fr
- Maison d'Aloïs (Bergues) : 03 28 62 88 46 ou maisondalois@apahm-asso.fr
- Maison des Aidants de la Flandre Intérieure : 03 20 48 11 54 ou maisondesaidants@ch-armentieres.fr
Des livres
"Dieu m'a donné rendez-vous à l'hôpital" de Bruno Cazin aux éditions Bayard
"Accompagner un proche en fin de vie" de Christophe Fauré aux éditions le Livre de Poche
"Vivre ensemble la maladie d'un proche" de Christophe Fauré aux éditions Albin Michel
Nicole Decock